Chapitre 14

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Quatre cycles s’écoulèrent dans les tréfonds rouges et noirs des Labyrinthes de la Nuit. Des années de sang et de ténèbres, lacérés peu à peu par la lumière enflammée de Phosphoros. La reconquête s’étira comme un opéra titanesque. Une lente symphonie de feu et de stratégie, où chaque bastion repris coûtait le prix d’un millier d’âmes élohiennes. Chaque victoire avait un coût, laissant une cicatrice dans les coeurs de Michael.

Depuis la salle stratégique de Varon-Kel, Michael régnait sur le réseau, le tissant chaque jour à travers les couches mentales du réseau EL. Sa présence était une flamme constante, une onde de commandement, de soin, de vigueur. El bénissait les troupes depuis le ciel de bataille, son filet couvrant des centaines de milliers de kilomètres, soignant, orientant, ravivant. Chaque bataillon savait où aller. Chaque puissance sentait la main de Michaël sur son dos. Chaque vertu percevait sa voix dans l’obscurité.

Mais Michaël ne combattait pas seul. Léoniel, son ombre et son bouclier, se tenait à ses côtés. Sur le terrain, el veillait sur le Fitzarch, écartant les démons, tranchant, volant au moindre éclat d’ombre. El était l’épée silencieuse du stratège flamboyant.

Dans les bastions rénovés, entre deux assauts, Asmodée quant à el, étudiait. Méticuleux, el passait ses jours dans les anciennes salles azohiennes, dissimulant ses travaux à Phosphoros. El analysait, décryptait, restaurait. Les anciens systèmes de forge, les armes cristallines, les téléporteurs, tout était inspecté. El savait que l'œil de Phosphoros n’était jamais loin. Alors el se faisait petit. Mais son génie bouillonnait.

La guerre fut longue. Pour chaque bastion repris, cent vertus tombèrent. Pour chaque forteresse purifiée, des dizaines de puissances furent réduites au silence. Michaël enterra leurs halos dans le filet, veillant à ce que leurs âmes atteignent le Berceau. Des millions d’élohim avaient débarqué. À la fin, seule la moitié survécurent. Mais les ténèbres reculèrent. Un à un, les bastions tombés furent reconquis. Les sanctuaires purifiés. Les routes lumineuses tracées à travers les canyons. Les forteresses rebranchées au réseau EL. Au terme du quatrième cycle, les Labyrinthes furent enfin entièrement sous contrôle élohien. Et dans les tréfonds ultimes, là où la lumière peinait encore à se frayer un passage, une faille fut découverte. Une crevasse dimensionnelle, béante, comme un trou percé dans la réalité. Le point d’entrée des démons. Michaël, le halo crépitant, contempla la brèche. Phosphoros brûlait dans ses cœurs.

— C’est ici qu’ils entraient, dit-el. Par là que l’Ayin saignait dans notre Création.

Des chorales de millions d’ophanim furent envoyées. Avec leurs flammes et leurs psalmodies, els entamèrent le Grand Scellement, rituel cosmique pour refermer la plaie. Et le gouffre fut fermé.

Les Labyrinthes de la Nuit, après des millénaires d’abandon, étaient enfin revenus dans le giron du Royaume de Guebourah, nécessitant d’être gouvernés. Michaël ne réclama pas le pouvoir. El n’en eut pas besoin. Son nom, désormais murmuré avec une ferveur quasi mystique, devint synonyme de salut. Les command’ailes survivants, les puissances vétéranes, les vertus fidèles, tous vinrent le trouver pour offrir leur allégeance. Léoniel, qui avait conquis le respect de toute la milice par sa bravoure, fut proclamé officiellement général en chef des armées des Labyrinthes. Michaël, el, s’installa dans l’ancien palais de Varon-Kel.

Ce n’était plus une forteresse. C’était une cité. La reconstruction commença. Asmodée, devenu plus influent qu’el ne l’aurait jamais imaginé, supervisa les travaux. Discret mais essentiel, el créa un corps d’ingénieurs chérubins spécialisés dans l’entretien des structures anciennes, qu’el forma el-même, dans les hangars encore à demi azohiens. Grâce à el, les téléporteurs furent relancés. Les batteries de défense furent réparées. Les anciens codex furent rouverts, traduits, adaptés.

Et bientôt, les Labyrinthes devinrent vivables. Des chorales venues de Madim, descendirent dans les profondeurs, guidées par la promesse d’une terre nouvelle, redonnée à la lumière. Des sanctuaires furent rebâtis. Des arbres de feu sacrés furent plantés dans les cavernes ouvertes. Les flux de halos retrouvaient leur danse dans les galeries.

Michaël gérait tout. Approvisionnements. Affectations. Communications. Urbanisme. Sécurité. El avait appris dans les académies de Hod, étudié dans les salles dorées de Tiphéreth, perfectionné ses tactiques dans les simulacres de Padmilia. À présent, tout cela s’incarnait dans un royaume réel.

Mais tout n’était pas si simple. Avec la paix, vinrent les questions. Les tensions. Les politiques. Des command’ailes réclamaient plus d’autonomie pour leur bastion. Des vertus contestèrent certaines décisions logistiques. Des voix s’élevèrent à Olympus, où certains voyaient d’un mauvais œil l’ascension d’un Fitzarch hors des sphères traditionnelles. Un royaume se construisait, mais les jeux d’influence commençaient. Michaël, parfois, peinait à suivre. El n’était pas un roi. Pas un politicien. El voulait juste sauver, reconstruire, maintenir l’ordre. Mais el dut apprendre vite. Sparda, à Madim, lui envoyait des recommandations brutales. Satanachia, el, écrivait des poèmes prophétiques, énigmatiques, glorifiant "l’Étoile du Matin." Et Camaël, l’archange-roi, donnait el aussi des conseils avisés.

Au cœur de tout cela, Phosphoros se tut. Depuis la purification du bastion final, le feu sacré s’était fait plus discret. Sa voix ne tonnait plus dans le crâne de Michaël. Son aura ne crépitait plus dans chaque geste. Léoniel s’en réjouit. El retrouva un Michaël plus posé, plus élohien, plus… présent. Michaël, el, s’interrogeait. Qu’attendait Phosphoros désormais ? Pourquoi restait-el tapi dans les braises, silencieux ?

Léoniel disait que c’était bon signe. Michaël n’en était pas sûr. Parfois, el se réveillait la nuit, tremblant, le souvenir d’un éclat orange au fond des rêves. Phosphoros était là. El regardait. Mais el ne parlait pas. Même sans la présence évidente de Phosphoros, Michaël, le Fitzarch, l’Étoile du Matin, devint le Cœur du Pays des Labyrinthes.

Le halo pâle du matin se faufilait à travers les vitraux de la salle stratégique, réfracté par les cristaux suspendus dans les hauteurs voûtées de Varon-Kel. Des cartes holographiques flottaient au-dessus de la grande table en obsidienne noire, constellées de points de chaleur, de flux de halos, de projections d’approvisionnement et de calendriers rituels. Michaël, penché au-dessus des cartes, les mains croisées dans le dos, consultait en silence un rapport logistique émis par le bastion de Malkot'Var. Des chiffres de natalité élohienne, de flux énergétiques, de migrations de vertus, d'incursions démoniaques mineures dans les galeries externes. À ses côtés, une vertu scribe manipulait les interfaces, réajustant des nœuds de réseau EL, complétant en temps réel les courbes de croissance.

— Il faudrait envoyer une escorte au Bastion 62, dit Michaël sans lever les yeux. Les convois médicaux y sont vulnérables.

— Je m’en occupe tout de suite, maître Fitzarch, répondit la vertu, un peu plus bas que d’habitude.

Michaël leva enfin les yeux, intrigué.

— Qu’y a-t-il ?

La vertu hésita, son halo clignotant légèrement.

— C’est… le command’aile Sparda. El est connecté sur le réseau. El demande à vous parler. De toute urgence.

Un souffle coula dans les veines runiques de la salle. Michaël ferma brièvement les yeux. Cela faisait un moment que Sparda n’avait pas pris la peine de le contacter directement. Le Fitzarch approcha de l’un des cristaux de communication. El posa sa paume sur la surface vibrante.

Un grondement jaillit aussitôt.

— FITZARCH. Enfin.

Le visage monumental de Sparda, couvert de suie et de fatigue, apparut dans le cristal. El était dans un des forges de Madim, à en juger par la lueur rougeoyante derrière el.

— Command’aile, salua Michaël, les sourcils froncés. Que se passe-t-il ?

— Tu es convoqué. Olympus. Cour de Camaël. Dans deux jours.

Un silence.

— Convoqué ? répéta Michaël. Pour quoi faire ? J’ai beaucoup à faire ici. J’ai une tournée à Malkot’Var. Il y a une crise énergétique au…

— Je m’en fou ! rugit Sparda. Tu es convoqué. Par l’Archange-Roi. Par Camaël en personne. Tu ne dis pas non.

Michaël serra les dents. Sa main tremblait presque.

— J’ai passé cinq ans à remettre ces cités sur pied. Ce n’est pas le moment d’aller jouer aux courtisans à Olympus.

— Justement, grogna Sparda. C’est parce que tu as tenu cinq ans que tu dois y aller. T’es plus seulement un command’aile. Tu es un seigneur maintenant. Une figure politique. Et ça veut dire rendre des comptes.

Michaël détourna un instant les yeux vers la salle, vers la vertu assistante qui attendait, silencieuse, près de la porte. Puis vers les cartes suspendues au-dessus de la table, qui pulsaient doucement. El soupira.

— Très bien. Je pars demain.

Sparda hocha lentement la tête, l’air aussi satisfait qu’el pouvait l’être.

— Et fais pas l’enfant, Fitzarch. Porte une belle armure. C’est pas les Labyrinthes, là-bas. C’est la Cour.

L’image s’effaça dans une pluie de lumière. Michaël resta un moment immobile, la main toujours posée sur le cristal. Puis el tourna la tête vers la vertu scribale.

— Dresse-moi un itinéraire. On part demain pour Madim.

Et dans un souffle, el ajouta, comme pour el-même :

— Cinq ans… Ça va être étrange d’y retourner.

Dans la pénombre tiède des appartements de commandement, la lumière filtrée par les veines rouges du bastion caressait les dalles. Léoniel était là, assis sur le bord du lit, une tablette de rapports tactiques dans les mains. Son halo, rétracté, pulsait d’une lueur calme. Quand Michaël entra, el resta un instant immobile sur le seuil. Léoniel leva les yeux, sentit immédiatement que quelque chose avait changé.

— Qu’est-ce que Sparda t’a dit ? demanda-t-el.

— Que je suis convoqué à Olympus, répondit Michaël, les bras croisés, le ton plus sec qu’el ne l’aurait voulu. Dans deux jours. Audience auprès de Camaël.

Un silence. Léoniel posa la tablette, se leva, s’approcha. El avait cet air tranquille, mais les muscles tendus trahissaient une vigilance immédiate.

— Pourquoi maintenant ? demanda-t-el. Il y a une urgence à la Cour ?

— Aucune idée. Sparda n’a rien voulu dire. El m’a juste dit de me montrer. Et de porter une belle armure.

Léoniel pinça les lèvres.

— C’est une reconnaissance, non ? Tu as purifié les Labyrinthes. Tu as unifié les bastions. Tu as rétabli l’ordre.

— Peut-être, souffla Michaël. Mais je n’aime pas ça. Je suis utile ici. Là-bas, je serai un trophée. Une carte politique.

El se laissa tomber dans le fauteuil près du mur, l’air las.

— Je ne sais même pas ce qu’els attendent de moi. M’offrir un titre ? M’interroger ? Me soumettre à une commission ?

Léoniel, debout, croisa les bras.

— Peut-être veulent-els te voir. Te jauger. Comprendre qui est ce Fitzarch qui a ressuscité les Labyrinthes. Et surtout… qui est Phosphoros.

Michaël releva les yeux vers lui. Long regard. Une tension flotta.

— Tu crois qu’els savent ?

— Sûrement… Ton image a été diffusée partout dans le réseau EL.

— …alors el a manœuvré pour que ça arrive, oui, admit Michaël. Je n’aime pas être un pion.

Léoniel s’approcha, posa une main sur l’épaule de Michaël.

— Tu n’es pas un pion. Tu es l’Étoile du Matin, n’oublie pas. Et si la Cour veut t’utiliser, alors qu’els te regardent droit dans les yeux. Qu’els sachent ce que tu es devenu.

— J’aurais préféré rester ici, murmura Michaël. Ces murs, ces labyrinthes, ce peuple… c’est ma maison, maintenant.

— Et elle le restera. Je tiendrai tout pendant ton absence, affirma Léoniel. Promis.

— Je sais, fit Michaël, un sourire timide au coin des lèvres. Tu es le seul en qui j’ai une confiance absolue.

Léoniel inclina légèrement la tête, son regard brillant d’un feu doux.

— Alors va à Olympus. Laisse-les voir ce que tu es devenu. Et reviens vite.

La rumeur du départ se répandit à travers les bastions. Michaël, après cinq cycles passés à réorganiser les Labyrinthes, à purifier les ténèbres et à fonder les premières pierres d’un nouveau royaume, allait quitter Varon-Kel. Même temporairement, la nouvelle avait de quoi troubler les cœurs.

Au sommet du bastion, sur le pont d’envol hérissé de pylônes luminescents, un petit vaisseau de transport cérémoniel était prêt. Sa coque était faite d’un alliage noir sobre, marqué des armoiries de Guebourah. Sur les flancs, le sigil de Phosphoros, aussi symbole de Hod, avait été discrètement gravé par des vertus dans un éclat opalescent. Le symbole flambait doucement sous le ciel rougeâtre des canyons.

Léoniel était là, en armure complète, tenant dans sa main une tablette de coordination. Michaël s’approcha, vêtu d’une tunique cérémonielle cousue dans des soies sombres, le halo dissimulé sous une cape de voyage. Son regard glissa lentement sur les falaises familières.

— Tu reviendras vite, assura Léoniel, avant même que Michaël n’ouvre la bouche.

— J’en doute pas, murmura le Fitzarch. Mais je déteste cette idée… laisser tout ça. Laisser les miens.

Léoniel posa une main sur son épaule.

— Els savent. Els savent que tu reviens. Et moi je resterai là, à tout coordonner. C’est mon rôle maintenant.

Els échangèrent un bref sourire. Plus bas, les troupes des Labyrinthes étaient rassemblées. Non pas en rangs d’apparat, mais dans leur tenue habituelle : armures scarifiées, ailes noircies, hallebardes usées par le feu. Elles regardaient leur command’aile monter dans le vaisseau, certains levant une main, d’autres inclinant le front. À l’intérieur du vaisseau, Asmodée, affalé, l’attendait.

— Tu penses qu’ils vont nous servir des petits fours à la Cour ? demanda-t-el en tapotant le siège du pilote. Ça m’a manqué.

— J’espère qu’ils vont juste nous écouter, répondit Michaël, sans humour.

Asmodée soupira en bouclant son harnais.

— T’as changé. Tu fais presque responsable.

Michaël ne répondit pas. El ferma les yeux quelques secondes, se connecta au réseau EL. Envoya une dernière onde d’apaisement sur ses bastions, une dernière bénédiction pour les halos fatigués qui veillaient dans les ténèbres. Puis, el déconnecta. Le vaisseau décolla dans une poussée discrète. Les turbines modulèrent leur son sous les doigts agiles d’Asmodée. La silhouette de Varon-Kel s’éloigna dans le hublot, s’effaçant lentement dans les brumes rougeâtres. Et Michaël, pour la première fois depuis cinq cycles, mit le cap vers Madim.

Cinq cycles plus tard, la capitale ardente de Guebourah avait perdu un peu de sa brutalité. Les couloirs étaient moins saturés de lamentations militaires, les bastions un peu plus ordonnés, les hallebardes levées dans une ferveur un peu moins fanatique. Mais Olympus, le volcan sacré, lui, n’avait pas changé. Toujours grondant et écrasant.

Michaël descendit du vaisseau aux côtés d’Asmodée. La chaleur du cœur volcanique les accueillit comme une claque sur le visage. L’air y était lourd, métallique, chargé des effluves d’obsidienne fondue et de soufre. Les galeries de roche sombre s’enfonçaient dans les entrailles du volcan, tapissées de runes rouges comme des veines incandescentes. Les murs vibraient. Vivants. Tremblants.

Michael et Asmodée étaient attendus. À chaque palier, des membres de la Cour, vêtus de lourdes tuniques de commandement, observaient le Fitzarch avec une curiosité contenue. Certains chuchotaient. D’autres plissaient les yeux. Le halo discret de Michaël, dissimulé sous sa cape, brillait comme une étoile contenue. Phosphoros palpitait doucement dans son âme.

— Par EL, els sont nombreux… marmonna Asmodée en ajustant sa tunique de cérémonie. On dirait qu’on vient pour un couronnement.

— J’espère pas, murmura Michaël.

Une haute silhouette surgit alors de l’ombre. Sparda. Toujours aussi massif, toujours aussi rugueux. Son armure de combat avait été troquée pour une tenue de command’aile cérémonielle, mais son pas était le même : lourd, autoritaire, résonnant comme un tambour de guerre.

— Fitzarch. Chérubin. Suivez-moi.

— Qu’est-ce qu’il se passe, Sparda ? demanda Michaël, la voix tendue.

Le colosse gronda quelque chose d’inaudible. Puis, d’un ton neutre :

— Tu vas vite comprendre.

Els avancèrent dans les galeries cérémonielles. Des arches gothiques s’ouvraient, une à une, devant leur passage. Des séraphins en faction le front marqué du symbole de Phosphoros, s’inclinaient. Asmodée se pencha vers Michaël.

— T’as pas une petite boule dans le ventre, là ? Moi si.

— C’est pas une boule, c’est un vortex.

Enfin, la salle du trône. Une nef de pierre rouge, longue de plusieurs kilomètres, éclairée uniquement par les rivières de magma qui circulaient dans les rigoles de verre pur. Des balcons s’élevaient dans les hauteurs, occupés par les ducs de Tharsis, les généraux de Madim, les dominations-prophètes et sénateurs. Tous les yeux étaient braqués sur Michaël.

Et tout au fond, sur une estrade faite de lames noires et de braises vivantes, trônait Camaël. L’archange-roi. Torse nu, crinière de flammes bleues, la peau noire constellée de runes dorées. Son halo, colossal, formait une couronne d’épées tournoyantes derrière sa tête. El fixait Michaël comme on fixe une lame fraîchement forgée, évaluant sa courbe, sa résistance, sa destinée. À ses côtés, se tenait Satanachia, immobile, drapé de soie noire et de chaînes d’argent. Son visage était impénétrable.

Michaël s’agenouilla par réflexe. Mais une onde mentale l’invita à se relever. El le fit, lentement. Camaël parla, sa voix vibrant comme un tonnerre contenu :

— Michaël Fitzarch. Tu as reconquis les Labyrinthes, là où tous les autres ont échoué. Tu as rallumé des bastions que même mes rêves n’osaient plus toucher. Tu as tenu ton serment envers Guebourah. Et tu as ravivé le feu sacré.

Michaël se tenait droit, mais el sentait son souffle se suspendre. Camaël se leva.

— Par la volonté du Grand Architecte et la mienne, par la Guilde des Architectes, par la loi de mon trône, j’ai décidé de t’élever au rang d’Archange.

Les halos s’illuminèrent les uns après les autres dans l’assemblée. Les ailes frémirent. Les voix s’unirent dans une acclamation, transmise par le réseau EL. Satanachia ne bougea pas, son expression indéchiffrable.

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